Christchurch
Christchurch
10 au 24 avril
Au mois de janvier, nous avions rencontré une famille néo-zélandaise en vacances à Mistletoe Bay : Steve, Debbie, Josette (dite Josie), Torben et Jessica (dite Jess) et Wicket le chien.Nous les avions revus en mars, à Arrowtown près de Queenstown, car Steve participait à un triathlon.
Ils nous avaient invités chez eux, à Chrischurch. Nous avons donc passé 15 jours avec eux, 10 jours dans leur maison et 5 jours au lac Brunner.
Pour nous persuader de venir (ils ont bien senti notre appréhension par rapport aux tremblements de terre), ils nous ont dit : « Tout ce qui devait tomber est déjà tombé ; nous ne risquons plus rien ! De plus, la terre semble avoir fini de trembler...»
Il faut dire que les 2 secousses de l'année 2011 (en février et en septembre) ont fait de gros dégats, matériels et psychologiques.
Notre immersion dans cette famille s'est donc accompagnée d'une découverte de leur quotidien d'après-tremblement de terre. Nous avons visité leur maison (la maison de leurs rêves dans laquelle ils ont investi toutes leurs économies), ravagée, qu'ils ne peuvent plus occuper.
Ils nous ont raconté leurs déboires avec les assurances, qui n'ont encore rien payé à aucun de leurs assurés. Et pendant ce temps là, les maisons continuent de s'abimer, l'eau pénètre partout, la note s'allonge... Et les familles payent des loyers pour rembourser les banques, et des loyers pour se reloger.
Ils nous ont raconté leur difficulté à se reloger, à trouver une maison descente pour la famille, dans cette crise du logement. Le jour où ils se sont présentés pour louer leur maison actuelle, 5 autres familles étaient là !
Ils nous ont raconté leur angoisse à chaque réplique (et elles étaient très nombreuses : jusqu'à 1 par heure!!!) : est-ce encore un « big one » ?
Ils nous ont raconté chacun ce qu'ils faisaient pendant le tremblement de terre de février, avec une émotion encore réelle. Jessica aurait dû se trouver dans le bus scolaire qui a été écrasé par des débris d'immeubles, en plein centre ville. Heureusement, ce jour là, elle n'a pas pris ce bus... Steve et Josie étaient à la maison entrain de faire un gâteau. La cheminée de la maison s'est abattue sur le toit, tout tombait (la vaisselle, le contenu des étagères, la hifi,etc...). Ils se sont abrités dans un passage de porte. La sensation était celle ressentie quand on est proche d'un marteau-piqueur mais ce marteau-piqueur avait la taille d'un supertanker. Et ça a duré 2 minutes.
Après le tremblement de terre, la ville s'est retrouvée sans eau courante et sans électricité. Toutes les écoles ont été fermées pour permettre aux famille de s'organiser.
Les plus gros dégats et le plus grand nombre de victimes ont eu lieu dans le centre ville : les immeubles centenaires se sont effondrés sur les passants et les écoliers, nombreux à 13 heures.
Steve et Debbie n'ont eu aucun décès dans leurs connaissances. Ils ont dû habiter dans le garage pendant 4 semaines avec leurs voisins, leurs amis, tous sans abris ; les enfants étant partis dans la famille à Auckland.
Puis la vie a repris son cours, avec le passage des experts (1 puis 2, ils en sont à plus de 12) et l'attente du remboursement des assureurs. Surtout ne pas s'énerver avec eux, sinon votre dossier passe en dessous de la pile...
Oui ! La vie reprend ses droits. Mais chacun vit sa vie plus « à fond » qu'avant, comme si elle ne tenait vraiment qu'à un fil. Steve redouble d'entrainements pour le triathlon (il nage à 5h30 du matin), Josie se passionne pour la danse et les comédies musicales, Debbie veut changer de métier et produire des films : elle va passer un diplôme dans l'audio-visuel. Tout le monde est bien occupé donc, mais le traumatisme est toujours là. Les blessures psychologiques ne sont pas prêtes de guérir.
Toutes les familles que nous avons rencontrées avaient des histoires à nous raconter. Les enfants qui ne peuvent plus dormir seuls. Les cauchemars. Les maisons qui ne posent plus sur leurs fondations. L'attente du paiement des assureurs pour pouvoir réparer, revendre et partir peut-être. Les changements d'école au même rythme que le changement de logement (4 changements en 1 an pour une copine de Josie)...etc...
Actuellement, le centre ville de Christchurch est encore fermé. De nombreux immeubles, fragilisés par le tremblement de terre, sont en train d'être détruits. A longueur de journée, on voit le travail des pelles mécaniques armées d'immenses bras qui démontent les buildings.
Les magasins ont élu domicile dans des conteneurs.
La nuit, la ville vue du ciel comporte un gros trou noir : le centre ville.
Vous l'aurez compris : ces 2 semaines ont été riches en contacts humains. Nous avons partagés d'excellents moments avec cette famille et de nombreuses autres.
Steve, Tom, Gilles et pete (un ami de steve) ont fait plusieurs sorties en vélo, dont une la nuit.
Jessica, l'ainée de la famille Klausen, a initié Tom et Estelle au surf, dans une eau à 16°C.